Le duty free est-il intéressant pour votre portefeuille ?

Alix Morel
N26 Magazine - Édition française
8 min readApr 23, 2018

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À chaque fois que vous prenez l’avion, vous passez par le duty free. Savez-vous vraiment comment il fonctionne ? Comment est-il possible de bénéficier de telles réductions et les prix pratiqués sont-ils vraiment aussi compétitifs qu’on nous le dit ? Nous levons aujourd’hui le mystère qui entoure les espaces de duty free… et vous allez savoir s’il vaut mieux acheter du Toblerone chez Monoprix ou au coeur du Terminal 2 de l’aéroport Charles de Gaulle.

Ce que désigne le duty-free

D’après le Larousse :

duty free : nom masculin invariable, se dit de marchandises vendues en boutique franche, exemptes de certaines taxes.

Duty free signifie littéralement “sans taxe”. Lorsqu’on parle de boutiques duty free on parle donc de magasins qui vendent des produits non taxés.

C’est-à-dire ?

Normalement, tous les produits sont soumis à la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), une taxe nationale. Or, les boutiques qui se trouvent dans des zones internationales comme les aéroports, en sont exemptées. Elles ne sont pas soumises aux taxes du pays dans lequel elles se trouvent. En fait, ces “commerces hors douane” font partie de ce qu’on appelle les zones franches, des enclaves qui visent à développer l’exportation des marchandises.

Un touriste australien qui achète un parfum en France avant de retourner dans son pays ne versera donc pas cette TVA.

Le saviez-vous :

  1. Le principe des zones franches remonte à l’Antiquité. À l’époque déjà, les réglementations nationales étaient assouplies dans les grands ports de transit de marchandises pour favoriser les exportations. C’est ainsi que la petite île grecque de Délos, au coeur de la mer Égée, s’est imposée comme une véritable plaque tournante du commerce de la région méditerranéenne. Les privilèges accordés aux marchands qui y effectuaient leurs achats en ont fait un véritable centre de négociation et d’entreposage de marchandises. Par la suite, au Moyen-Âge, de nombreux ports « francs » se sont développés, comme ce fut le cas de Marseille, Gênes ou encore Hambourg.
  2. La première boutique duty free au monde a ouvert en 1946 à l’aéroport de Shannon, à l’Ouest de l’Irlande.

Où se trouvent les espaces duty free ?

Les espaces duty free classiques se trouvent généralement dans les aéroports et les ports internationaux.

Des boutiques duty free sont également présentes dans certains lieux très touristiques, comme c’est le cas dans les Caraïbes à Saint-Barthélémy ou à Saint-Martin.

Quelques chiffres :

L’aéroport de Dubaï abrite l’un des plus grands espaces de shopping duty free : ses boutiques occupent plus de 26 000 m2 et génèrent un chiffre d’affaire de plus de 2 milliards de dollars de vente chaque année.

À Paris, les ventes dans les boutiques duty free à Orly et Roissy Charles-de-Gaulle, s’élèvent à environ 34 euros par passager.

Qu’en est-il des ventes à bord ?

Les ventes de produits détaxés peuvent en effet avoir lieu à l’intérieur même des avions, sur les vols moyen ou long-courriers et sur certains trajets en bateau lorsqu’il existe un espace duty free.

Elles semblent quelque peu délaissées par certaines compagnies. Avez-vous déjà vu quelqu’un acheter des cigarettes ou du parfum à l’intérieur même de l’appareil ? C’est rare et c’est d’ailleurs pour ça que Qantas ou United Airlines ont récemment jeté l’éponge.

Cependant, d’autres compagnies continuent à miser sur les ventes détaxées, c’est le cas de Korean Air. Cette dernière a ainsi installé dans certains de ses Airbus de véritables mini-boutiques appelées “Sky Shop”. Les précommandes en ligne sont même possibles et vos produits sont livrés jusqu’à votre siège.

Et dans les gares ? Moins fréquemment, des boutiques duty free sont parfois installées dans les gares. C’est par exemple le cas à la gare de Waterloo en Belgique et au niveau des des terminaux de l’Eurotunnel et des départs et arrivées de l’Eurostar à la Gare du Nord et de Saint Pancras à Londres.

Un autre système existe aussi

Certains magasins proposent à leurs clients d’effectuer des achats qui seront, à certaines conditions, éligibles pour l’exonération ultérieure de la TVA. Pour cela, le client devra effectuer quelques formalités administratives, mais il se fera rembourser la TVA, déjà payée au moment de ses achats. Ce n’est pas la façon la plus simple de profiter des produits détaxés mais cela vaut toujours le coup puisque cette détaxe est effectuée sur les prix de vente habituels pratiqués en magasin.

Un exemple :

Les résidents de pays hors de l’Union Européenne peuvent être détaxés à hauteur de 12 % de leurs achats (sous certaines conditions) au BHV Marais. Pour cela, il faut remplir un dossier en magasin qui doit ensuite être présenté au bureau des douanes. Il suffira ensuite de renvoyer le dossier de détaxe au marchand auprès duquel vous avez effectué vos achats, pour être remboursé.

Pour ce type de détaxe, renseignez-vous sur le site des douanes de votre pays de destinations pour savoir quelles sont les démarches à effectuer lorsque vos achats sont éligibles pour une exemption de TVA.

Quelles sont les limites d’achat ?

Important : les achats dans les boutiques duty free ne sont pas illimités. Ces limites visent notamment à éviter les activités de reventes illégales.

En plus de cela, les achats duty free ne concernent que les personnes en provenance ou à destination de pays non européens. Depuis 1999, l’Union Européenne a en effet décidé de ne plus appliquer l’exemption de TVA dans les zones internationales entre ses pays. Quelques exceptions existent, c’est le cas pour les île Canaries ou Andorre, par exemple.

Il existe de nombreuses règles pour encadrer votre shopping au duty free (et ce que vous pouvez transporter lors de déplacements internationaux). Voici les limites pour un retour en Europe depuis un pays non-membre de l’Union européenne :

  • Les achats au duty free pour les voyages en avion ou en bateau sont limités à 430 euros par voyageur de plus de 15 ans.
  • La limite est de 300 euros par voyageur pour les autres moyens de transport.
  • Les limites sont individuelles et non cumulables : vous ne pouvez pas acheter un article de 600 euros à deux, par exemple.
  • Les enfants eux, ont le droit d’acheter des produits au duty free pour une valeur maximale de 300 euros.

En général, il est impossible de passer outre ces limites : votre carte d’embarquement sera demandée lors de votre passage en caisse.

Attention, il existe également un maximum autorisé au niveau des quantités d’articles et notamment pour les spiritueux et produits similaires. Les quantités maximum autorisées dépendent du pays où vous vous rendez. Renseignez-vous avant votre départ ou demandez conseil auprès des responsables de la boutique où vous faites vos achats.

Est-ce que ça vaut vraiment le coup ?

En règle générale, qui dit duty free, dit bonnes affaires.

Normalement, cela devrait être le cas, mais dans la pratique, les prix ne sont pas forcément plus avantageux. Les raisons à cela sont multiples : même si la TVA ne s’applique pas, de nombreux frais de personnel, des loyers importants et bien d’autres factures et taxes doivent être réglées par les boutiques.

Certains achats de produits valent plus le coup en boutique duty free, que d’autres.

L’enquête de novembre 2017 réalisée par Skyscanner est intéressante. Cette étude compare les prix moyens de certains produits en duty free dans des aéroports internationaux aux prix moyens affichés dans les supermarchés français. Voici quelques exemples :

  • Spiritueux : ils peuvent être jusqu’à 25–30% moins cher en supermarchés.
  • Friandises : Toblerone et Ferrero Rocher sont en moyenne 40 % moins cher dans les supermarchés français. Une gourmandise de dernière minute pourra ainsi vous faire craquer, mais vous le paierez cher.
  • Parfum : L’eau de parfum de 90 ml My Burberry coûte en moyenne 98 euros en duty free et 115 euros chez les marchands en France.

Les tarifs pratiqués en duty free sont donc en moyenne plus élevés que les prix de vente habituels dans les supermarchés français et ce, malgré le coût de revient bien inférieur des marchandises. Comme le rappelle l’étude de Skyscanner, cela peut s’expliquer notamment par la situation géographique de la boutique duty free, les variations du taux de change etc. Enfin, le marchand est libre de choisir la marge commerciale sur un produit en particulier…

La compétitivité d’un produit en duty free relève donc du cas par cas. En règle générale, les produits de luxe (montres, bijoux, articles de mode et parfums) restent les produits les plus intéressants dans les duty free. En revanche, essayez de prévoir à l’avance vos achats de souvenirs touristiques car vous les paierez au prix fort à l’aéroport.

Cela dépend des boutiques duty free.

Aucun marchand ne propose le duty free le plus intéressant : la compétitivité d’une boutique varie de façon quasi systématique selon les produits.

Ainsi, votre parfum pourra être à un très bon prix à l’aéroport de Singapour, mais les spiritueux que vous pourriez ramener en France pourront y être bien plus chers qu’à l’aéroport de New-York, par exemple.

(Notez ici que nous comparons la compétitivité des marchandises en duty free aux prix pratiqués en France.)

Trois conseils pour mieux en profiter

  1. Renseignez-vous sur le prix habituel du produit que vous voulez acheter. Cela vous évitera de dépenser plus que son prix habituel en magasin puisque le duty free n’est pas forcément plus intéressant. Vous avez de la chance, la plupart des aéroports proposent désormais le WiFi gratuit. Regardez vite en ligne le prix de vente habituel de l’article qui vous fait de l’oeil avant de vous décider.

2. Ne dépassez pas les limites autorisées… au risque de tout vous faire confisquer et de payer une amende dans votre pays de destination. La législation varie selon les pays. Mieux vaut ne pas jouer avec le feu au risque de rentrer les mains vides et le portefeuille troué.

3. Soyez vigilants aux taux de change appliqués, pour être sûr de vraiment faire une bonne affaire.

Pourrait-on trouver un meilleur exemple que le Franc Suisse ? Ne pensez pas faire de belles affaires en terre helvète, cela n’arrive presque jamais : le taux de change est peu intéressant.

À retenir : les parfums duty free valent généralement le coup, mais ce n’est pas souvent pas le cas pour les cosmétiques ou les spiritueux, et encore moins pour les confiseries et les souvenirs touristiques. Une fois encore, à vous de vérifier les prix pratiqués pour vous assurer de faire une bonne affaire.

Et si c’est un oubli de dernière minute, dans ce cas… ?

N’hésitez pas à utiliser votre Mastercard N26 lors de vos achats en boutique pour bénéficier de paiements sans frais dans toutes les devises. De plus, certains de vos achats pourront être garantis un an supplémentaire par l’assurance N26 si vous détenez un compte N26 Black.

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