Les festivals réinventent la monnaie

Que vous soyez ou non un habitué des festivals, vous détestez sûrement devoir faire la queue et attendre de longues minutes (souvent en plein soleil) pour acheter de quoi boire ou manger entre deux concerts. Depuis quelques années, les organisateurs de grands festivals ont mis en place des systèmes de paiement alternatifs pour éviter les inconvénients liés à l’utilisation de l’argent “physique”. Tour d’horizon de ce qui vous attend pour votre prochain festival.

Alix Morel
N26 Magazine - Édition française

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Le choix de la dématérialisation

Dans de nombreux festivals, l’argent liquide n’est plus le moyen de paiement principal. Certains l’ont même complètement banni. Qu’est-ce que cela veut dire ? En faisant le choix du “cashless”, les pièces de monnaie et les billets n’ont plus lieu d’être. Plus besoin donc de garder votre porte-monnaie toujours sur vous.

Le système est simple et pratique. Dans la plupart des festivals qui proposent la solution cashless, les points de ventes (bar, stands de restauration et boutiques) sont équipés de terminaux de paiement sans contact. Ces derniers ne visent pas à remplacer les règlements en liquide par les paiements par cartes ou avec votre téléphone (qui risque d’ailleurs de manquer de batterie après quelques concerts). Ces terminaux permettent en fait de payer grâce à des supports alternatifs (bracelet ou carte, le plus souvent), fournis lors de l’achat de vos billets ou de votre arrivée sur place.

Ce système viendrait tout droit du festival de Sziget en Hongrie. C’est dans cet immense festival en Hongrie que l’argent a été banni en premier, au profit d’une carte électronique rechargeable.

Comment ça marche ?

Avant votre entrée dans l’enceinte du festival, il vous suffit de charger de l’argent sur un compte relié à votre bracelet ou à la carte de paiement du festival. Grâce à ces supports de paiement vous pouvez régler vos achats de boissons, vos repas ou des souvenirs du festival et ce, en quelques instants.

Les paiements sans contact seraient-ils en passe de devenir le nouveau moyen de régler ses achats pendant les festivals ? Peut-être pas encore partout, mais c’est déjà le cas à Hellfest, Rock en Seine, Peacock Society, We Love Green, Bobital… Mais aussi pour Sonar à Barcelone ou Tomorrowland en Belgique. Finies les marées humaines pour acheter une glace, une boisson ou un hamburger.

En quelques secondes, le paiement est effectué à la caisse du stand où vous vous ravitaillez. Finies donc les queues interminables lorsque les festivaliers se précipitent vers les points de vente entre deux performances. Avec les paiements sans contact, plus besoin de compter vos pièces ou d’attendre votre monnaie : en quelques secondes, le compte que vous avez créé pour le festival est débité.

Les solutions “cashless” des festivals sont rendues possibles par la puce RFID qui fonctionne par radio identification, l’une des descendantes de la carte à puce inventée par Roland Moreno.

Prenons l’exemple du système Moneiz du festival des Vieilles Charrues (Bretagne), désormais seul moyen de paiement accepté. Avant le festival, vous êtes invité à créer un compte Moneiz. Il vous suffit alors de le recharger avant de vous y rendre, tout en sachant que vous pourrez, si besoin, renflouer ce porte-monnaie virtuel depuis l’application Moneiz. À chaque paiement, on vous annonce le montant restant sur votre compte, et en cas de perte, il vous suffit de bloquer la puce depuis votre téléphone. Bien sûr, des points de recharge et d’assistance sont également présents sur le site du festival mais il peut y avoir la queue… À la fin de votre weekend, vous pourrez vous faire rembourser le solde restant sur votre compte.

Quels sont les avantages pour les festivaliers ?

  1. Finie la queue pour acheter un sandwich ou une boisson fraîche. Avec le cashless, vous payez votre consommation en un instant : il suffit de tendre votre bras face au lecteur ou de présenter votre carte de paiement sans contact. Vous n’aurez donc plus qu’à attendre que votre boisson ou votre encas soit prêt.
  2. Vous ne perdrez plus votre portefeuille ou votre argent. Plus de moments de panique lorsque vous vous rendez compte que votre porte monnaie n’est plus dans votre poche et qu’il contient littéralement tout ce dont vous avez besoin. Avec le cashless, votre portefeuille peut rester à l’abri du soleil au fond de votre sac ou même chez vous ! Votre bracelet ou votre carte suffit pour les paiements. En cas de problème, vous pouvez les bloquer depuis votre téléphone ou depuis l’un des stands dédiés au cashless sur le site du festival. Bien sûr, respectez les quelques mesures nécessaires pour préserver la puce de votre support de paiement cashless : ne le déposez pas sur une source de chaleur, n’essayez pas de le percer etc…
  3. Budgétisez vos consommations. Le système cashless des festivals implique la plupart du temps que vous rechargiez un compte relié à la puce de votre moyen de paiement sur le festival. Lorsque vous alimentez ce compte, vous pouvez décider du budget maximal que vous vous autorisez pour ces quelques jours de festivités. Bien sûr, pas de panique, si vous avez besoin de plus d’argent, la recharge est possible. Vous pouvez aussi consulter votre solde et l’historique de vos consommations depuis l’application.

Et du côté des organisateurs ?

De leur côté, les avis sont unanimes : la dématérialisation de l’argent sur les festivals est une réussite. Les cartes et bracelets “cashless” révolutionnent la gestion des achats et des consommations. Les salariés ou bénévoles n’ont plus besoin d’ouvrir le tiroir-caisse pour compter la monnaie qu’ils ont à rendre sur un billet de 20 euros. Cela leur économise (beaucoup) de temps et d’efforts, mais cela permet également d’éviter les erreurs de caisses.

La comptabilité peut donc se faire en direct, un paramètre important pour la sécurité. Avant le cashless, les restaurateurs partenaires versant un pourcentage aux festivals donnaient un chiffre d’affaire purement déclaratif. Les organisateurs n’avaient pas la possibilité de vérifier quoique ce soit. Désormais, le suivi des ventes peut lui aussi être effectué en temps réel, ce qui permet donc aussi d’optimiser la gestion des stocks des marchands du festival et leur réapprovisionnement.

Enfin, ces paiements permettent aux organisateurs des festivals d’accéder à des statistiques quant à l’historique des consommations : ils peuvent ainsi délimiter les endroits du festival où les festivaliers consomment le plus, et les horaires auxquels un pic d’affluence est à prévoir. Cela permet de gérer les équipes plus facilement et de prévoir les stocks de boissons et alimentation plus facilement.

D’autres festivals adoptent leur propre “monnaie”

Le système cashless a néanmoins un coût important. Les festivals doivent trouver un partenaire pour mettre en place un tel système, s’équiper des lecteurs nécessaires à la lecture des cartes, ils doivent former leurs équipes à l’utilisation de ce matériel ou encore installer des stands dédiés à la recharge des puces etc…

Pour toutes ces raisons les festivals de plus petite taille n’ont pas vraiment la possibilité de mettre en place le cashless. Certains y résistent, peut-être aussi par choix. Mais la dématérialisation de l’argent sur les festivals est bien une réalité, quelques soient les motivations.

Certains optent pour les jetons qui peuvent être en plastique ou en carton et sont souvent personnalisés avec le logo du festival. C’est par exemple le cas de Château Perché, un festival éclectique qui a lieu chaque année dans le Massif central.

“Les jetons nous permettent de minimiser les vols et d’accélérer les transactions aux bars. Pour ce qui est du cashless, on hésite un peu chaque année, mais il ne semble pas y avoir de solution miracle sur le marché. Le système de paiement doit répondre à trois critères : être peu coûteux, sécurisé et rapide” explique Samy El Moudni, Directeur de Château Perché.

Le système de jetons, déjà adopté par les grands festivals puis abandonné pour le cashless, permet donc lui aussi de faciliter la comptabilité et d’améliorer la sécurité pour éviter les problèmes de caisse par exemple. Néanmoins, il demande de la patience pour la comptabilité à la fin du festival et n’aide pas à la gestion des stocks sur les stands.

Côté festivaliers, pas vraiment de changement. Les jetons peuvent être égarés comme l’argent. Le seul avantage peut-être, est de mieux maîtriser ses dépenses. En effet, vous devez souvent acheter vos jetons dans un point de vente dédié et donc prévoir en avance votre budget de consommation.

Et vous, à quel festival allez-vous cet été ?

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